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L’anglais

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Pourquoi Quand Comment j’ai appris l’anglais …

« Tout le monde connaît l’anglais maintenant ». « De toutes façons on est obligés de connaître l’anglais maintenant, c’est la langue internationale ». « Pff, l’anglais c’est facile ». « L’anglais c’est pas original comme langue ».

Nouvelle lingua franca certes, mais facile ? Non. Banale ? Chez les élites oui. Obligés de le connaître ? Il me semble qu’une bonne part de l’humanité qui ne le connaît pas arrivent à vivre sans. Je suis née en France, donc école obligatoire, dans laquelle l’anglais est la première langue étrangère enseignée. Je fais partie des générations où les langues étrangères n’étaient pas enseignées avant le collège (heureusement, cela change). J’avais déjà été confrontée aux langues étrangères : mon père est italien bien qu’il ne le parle jamais à la maison (sauf avec ma mère pour que nous les gosses ne comprenions pas certaines discussions), et depuis toujours on hébergait des étrangers à la maison (assistants de langues, enfants rescapés de guerre via une association, etc), sans compter ma fascination des hiéroglyphes et de tout ce qui ne se comprenait pas de façon générale. Sans pouvoir pour autant comprendre grand chose. Donc le premier cours d’anglais, en 6ème, a été comme pour beaucoup (ou au contraire de bien plus encore ?), une révélation. On a appris à dire bonjour, au revoir, merci, est-ce que je peux avoir du pain ?

En revenant à la maison, au bout d’un mois, je me rappelle avoir affirmé à ma mère : incroyable tout ce qu’on a appris en anglais, je suis sûre que je pourrais me débrouiller en Angleterre !

Puis en troisième, dans les leçons, la découverte d’un autre monde outre manche. Et Oxford. Ce lieu me paraissait comme un paradis terrestre : des vieux bâtiments, des gens habillés en noir, et des livres partout. Je découvrais comme d’autres ados à cette époque Harry Potter, encore peu connu. Le rêve continuait, malgré un prof beaucoup moins motivant et qui passait son temps à me faire des reproches « tu ne participes pas assez en classe, c’est pas au lycée à 30 élèves par classe que tu vas t’y mettre, il faudrait te bouger ! ». Or je n’ai jamais parlé ou participé en classe, ce n’est pas maintenant que j’allais m’y mettre. Par contre plus tard, au lycée, ne parlant pas plus, j’ai en revanche trouvé un autre moyen : partir vivre un an en Australie dans des familles d’accueil, via l’annonce du Rotary Club local qui proposait ce truc dingue à des jeunes entre 16 et 18 ans : « voulez vous partir un an dans un pays étranger ? ». Quelle question. Evidemment qu’on veut ! J’étais la seule à me présenter cette année. Après maintes interviews terrifiantes pour tester ma motivation, je fus admise, et n’avait besoin de fournir que l’argent du billet d’avion, le reste étant à la charge du Rotary du pays d’accueil (hébergement, argent de poche, école). J’aurais voulu aller en Inde, en Finlande, en Nouvelle Zélande surtout, je ne sais où encore, mais je voulais surtout apprendre l’anglais. Et tant qu’à faire, que ce voyage vaille le coup. L’Angleterre c’était quand même tout près, trop près … Donc ce fut l’Australie.

Pour parler anglais, ça, je l’ai fait. Mais Oxford et l’Australie n’étaient finalement que les raisons secondes de ma motivation … La première était et est toujours le livre le plus génial que j’aie jamais lu, bien qu’il ne soit pas reconnu par les cercles autorisés comme chef d’oeuvre incontournable (en France du moins) : Le seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien. Et le Silmarillion, et tout ce qu’il a écrit.

Je l’ai d’abord lu en français, à 14 ans, sur conseil parental : moi qui lisait tout le temps, je me trouvais confrontée au plus gros livre que j’avais jamais vu, à part la Bible (que je m’amusais à lire aussi d’ailleurs, comme le Coran). Quelle révélation ! J’y trouvais tout ce que je cherchais depuis lontemps dans un livre : le mystère, le légendaire, les belles phrases et les belles histoires, de la mystique profonde et discrète, et cette puissance d’évocation de passé oublié, de choses glorieuses d’une Histoire oubliée, cette nostalgie déchirante qui traverse toute son oeuvre, le sentiment du « paradis perdu » comme je l’entendrais plus tard. Bref. Pour la première et seule fois de ma vie, j’ai refermé un livre après l’avoir fini, sans pouvoir en entamer un autre. Je suis restée un mois « en deuil » d’avoir fini de lire un livre. A ne pas pouvoir tourner la page … Quiconque me connaît sait que rester une journée sans lire m’est aussi impossible que de ne pas respirer. Mais là le choc avait été tel que je restais assise, d’autres livres devant moi, mais incapable d’en prendre un seul. Je regardais Le seigneur des anneaux, en me demandant ce que j’allais bien pouvoir faire de mieux que de le lire. Eh bien, le relire. Mais, après avoir compris que la version française était une traduction, j’ai voulu lire la version originale. Qui sait, peut-être que c’était mieux encore ?

Alors je l’ai commandé, The Lord of The Rings, à la librairie du coin, cher, peu avant que Peter Jackson ne sorte son génial film. Puis j’ai commencé à le lire … Incroyable, l’anglais était donc une langue bien plus difficile que ce qu’on apprenait en cours. Je cherchais la moitié des mots dans un petit dictionnaire de poche, je passais une heure sur une page. Ca a duré des mois pour le premier tome, à raison d’une page par jour. Puis j’ai senti des étapes passer dans cet auto-apprentissage. Au deuxième tome je lisais de plus en plus vite, je finissais par me rappeler des mots, et j’ai lu le troisième tome en me servant très peu, voire plus du tout, du dictionnaire. Et puis tous les autres livres en anglais, sans parler des cours du lycée, m’ont paru plus abordable, sinon carrément faciles. Et j’ai enchaîné les romans en anglais, fantasy ou « sérieux » : depuis lors j’ai toujours plus lu en anglais qu’en français, négligence que je devrais corriger. Mais il se trouve que les romans d’auteurs « anglo-saxons » me plaisent plus que les « français », donc pourquoi lire la traduction (quand elle existe!), quand j’ai tant de plaisir à lire l’original ? Encore une réflexion bien mauvaise de la part d’une future traductrice je le reconnais …

Pourquoi d’autres langues, après le Seigneur des anneaux, ne m’ont pas accroché autant ? Ne serait-ce que ma langue paternelle, l’italien ? Une seule autre a réussi à m’accrocher, tant et si bien que je m’y spécialise et que je la préfère, hors Tolkien, à l’anglais. Mais le monde anglo-saxon a gardé son charme, et mon autre grand rêve, Oxford, est toujours là. Et les vieux romans anglais, la vieille littérature qui m’attire tant et que je connais si peu … En Australie, je n’aimais rien mieux que de lire alternativement Shakepeare et Robert Jordan (La roue du temps).

Depuis ma plongée anglais, ma famille a suivi, ma soeur elle en fait ses études, et on ne se rend plus compte de la façon dont notre consommation culturelle (ouh le vilain mot !) a changé, que lorsque que quelqu’un d’un peu moins anglophone arrive dans le salon et nous demande, face à la télé : ben il n’y a même pas de sous titres ? Ou devant un livre « ça parle de quoi ? » après avoir tenté de lire la quatrième de couverture.

Mais contrairement à un autre idée répandue, notre anglophomanie n’a pas submergé notre culture française (ouh que de mots à la va vite et trop peu définis … Franchement, qu’est-ce qu’une culture anglo-saxonne, une culture française ?), on l’apprécie d’autant plus.

Discussion

3 réflexions sur “L’anglais

  1. Je suis tres impressioner par la motivation que tu fais preuve et celle que tu as fait preuve. Japprends l’arabe et je viens sur ton site tous les jours pour relire les articles…

    Publié par 'Issa | juillet 1, 2014, 10:00
    • Merci beaucoup, c’est chouette de voir que le peu que j’écris peut servir à motiver d’autres … J’espère pouvoir publier plus d’articles dans les temps à venir, une fois le master terminé.
      Le plus dur dans l’apprentissage d’une langue est d’avoir la patience, puisque tout se fait petit à petit, mais si on trouve des choses qu’on aime bien à faire dans cette langue, alors ça aide à patienter !
      Bon courage et vive l’arabe !

      Publié par Luisa Noor | juillet 4, 2014, 15:05
  2. Franchement juste « waw », j’apprends de manière intensive l’anglais depuis bientot 2 ans (films, séries en vo, livres, radio, sites, etc). Mais j’ai toujours un peu de mal, déjà quand je parle mes phrases sont parfois bancales, certains mots ne me viennent pas, etc. Quand je lis des livres en anglais (et j’en ai lu pas mal) y’a toujours pas mal de mots que je ne comprends pas (merci l’ebook et le dictionnaire intégré:) ). Comme toi je suis une boulimique de la lecture! Par contre je n’ai jamais lu tolkien même si depuis quelques temps le livre traine dans ma chambre attendant d’être lu. Je pense que je vais aimer, en tout cas je suis une fana d’HP, et de son auteur :).
    Pour ce qui est de ton apprentissage de la langue arabe, chapeau, j’avais commencé à l’apprendre il y a quelques années, j’avais même voulu faire une fac d’arabe au sortir du lycée, mais j’ai jamais été jusqu’au bout (je sais lire écrire, connais quelques mots, rien de plus), peut être une fois que j’aurais fini par apprendre l’anglais lol (mais je vais finir par désespérer, j’ai l’impression que chez les autres l’apprentissage de l’anglais coule de source, j’ai une amie qui est devenue bilingue en regardant un an de séries, moi ca va faire 2 ans et même si je comprends maintenant beaucoup je suis LOIN de le parler couramment. M’enfin je suis toujours aussi motivée.
    Désolé pour ce racontage de life, en tout cas les langues me passionnent et c’est toujours un plaisir de venir régulièrement sur ton site, relire (rerelire) tes articles 🙂

    Publié par sarah | décembre 20, 2014, 22:39

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